Avertissement.

Avertissement :

Ce blog est déconseillé aux personnes saines d’esprit et de corps, aux enfants sensibles et cruels, issus de parents d’origine auvergnate, dont le beau-père de la belle-mère est chinois de souche inuit ; aux génies de l’écriture et du style, aux représentants de la loi, aux moralistes, aux grenouilles de bénitiers, aux crapauds de tapis d’orient, aux nostalgiques de la répression de Charonne, aux communistes inscrit à l’UMP, aux nationalistes, aux poulets fermiers du Gers, aux libéraux sans morale, aux moraliste libéraux, au tétanos, au président et ses ouailles, aux moniteurs d’équitation porteurs d’œillères (très fréquents, surement une forme de mimétisme), aux mégalos, aux poètes, à ma femme et mes enfants afin qu’ils n’aient pas honte de leur père.







dimanche 23 octobre 2011

Les états d'âme du président. (Suite)

Le président n’écoute plus. Il vient d’apprendre le décès de Kadhafi. L’annonce de sa mort violente lui laisse un goût de fiel dans la bouche. Mourir de cette façon, il n’y tient pas. La mort doit être douce, les funérailles nationales. Oui, c’est cela. Ses funérailles seront nationales. L’anniversaire du jour de sa mort deviendra un jour de congé.
Pour obtenir cela, les français doivent l’aimer. N’est-il pas le président de tous les français ? Il doit bien y avoir un moyen d’être aimé du peuple. Il s’est fourvoyé dès le début de sa présidence. Au lieu d’essayer de gérer les affaires de l’état, ils auraient dû laisser bosser ses ministres. Lui se serait contenté de séduire.
Ses ministres auraient assumés la gestion bancale de la France, lui aurait plané dans les hauteurs ensoleillées des sondages. Il croyait être un surhomme. Il n’est qu’un simple être humain.
 Il a encore six mois pour changer de tactique. Mais changer de tactique, ce serait avouer ses erreurs. Ça, il ne le supporte pas.
- Alors que penses-tu de ma réflexion ?
Il l’avait oublié celui-là. Il n’a rien entendu du monologue de son ancien ministre. Au lieu de répondre il donne un ordre :
- Arrête de réfléchir, occupe-toi plutôt du problème des bébés.

Il raccroche et pleure en regardant sa cote de popularité. Il ne comprend pas. N’a-t-il pas la plus belle femme de tous les gouvernants de cette terre, même de l’univers. Ne vient-il pas d’avoir une fille. Tout cela devrait booster sa cote. A moins que ces atouts représentent trente  pour cent. Non, ce n’est pas possible. Si sa femme et sa fille représente trente pour cent, lui, il doit se contenter de deux pour cent. Il pleure de plus belle. La vie est injuste. La pensée de perdre les prochaines élections amplifie les larmes.
Non ! Ce n’est pas possible, il n’a jamais perdu, c’est un gagnant. Un gagnant ne peut pas perdre. Il vaincra l’autre mauviette de socialiste. Cette pensée le revigore. De toute façon, il n’a pas le choix, il ne survivrait pas à la perte du pouvoir.

A suivre.

jeudi 20 octobre 2011

La dure vie du président de la république. (Suite de la suite)

Au sommet de la pyramide hiérarchique française, le désarroi règne. Il y a trop d’éléments à gérer pour un seul homme : les primaires socialistes, les sondages défavorables, la crise économique, son allergie à Angela Merkel, le manque de sans-papiers à reconduire à la frontière, la future décote de la note de la France par l’agence Moody’s, la rébellion des bébés futurs délinquants, la naissance d’une petite fille qui hurle sans permission et son ancienne ministre de la justice qui lui fait constamment des scènes depuis l’annonce de la grossesse de sa femme.
Le président claque ses talons ferrés compensés sur le parquet ciré de l’Elysée. Il adore la musique des fers. Elle renforce sa combativité. Pourtant aujourd’hui, elle est impuissante : trop d’interactions à traiter. Sa garde rapprochée a les mêmes symptômes : ses conseillers se dispersent et deviennent inaptes à gérer les affaires courantes.
La rébellion des bébés et des mères n’arrangerait pas sa cote de popularité si l’affaire s’ébruitait. Ah, s’il pouvait modifier la constitution et s’adjuger les pleins pouvoirs à vie. Malheureusement, les français sont trop cons pour comprendre qu’il est unique et que sans lui, la France partirait et partira à la dérive. Ah ! Comme il envie Mouammar Kadhafi : 42 ans de règne sans sondage. Il accepterait même de finir comme finira le colonel. Quatre décennies de pleins pouvoirs méritent bien quelques sacrifices.
Qu’aurait fait le colonel dans de telles circonstances ? Il aurait éliminé le problème en les éliminant. Les solutions radicales sont souvent les meilleures.
Dans une démocratie comme la France, ce genre de résolution ne serait jamais accepté ni par le gouvernement, ni par le parti.
Il ne devrait pas se plaindre, il a gouverné avec pratiquement les pleins pouvoirs pendant quatre ans. Mais quatre ans, c’est vraiment court. Ah ! Si un conflit pouvait surgir juste avant les élections, il décrèterait l’état de siège et ajournerait les élections. Mais contre qui se battre et surtout être sûr de gagner ? Encore un nouveau problème à résoudre.
La naissance de sa fille n’arrange pas les choses. Avec les nouvelles lois sur la détection des troubles du comportement chez les enfants de maternelle, d’ici quelques années sa fille pourrait être fichée. Il n’a pas le choix, il doit à tout prix gagner les prochaines élections.
La sonnerie de son téléphone interrompt son introspection. Il décroche, énervé d’être dérangé dans sa réflexion. Maintenant, il est certain qu’il tenait l’idée qui aurait dû le faire réélire. Mais cette fichue sonnerie l’a effacée.
- Mr le président, excuse-moi de te déranger. Je t’appelais au sujet des bébés futurs délinquants. Je sais que cela regarde le ministre de l’intérieur, mais il est empêtré dans des affaires qui sentent l’enfer, je préfère le soulager et te proposer une solution.
Le président retrouve le sourire, un collaborateur si fidèle lui redonne le moral.
- Explique.
- Nous pourrions les expulser. Notre réseau est toujours en place, nous n’avons qu’à remplacer les étrangers en situation irrégulière par les bébés. En plus à cet âge, ils ferment leur gueule.
Le président qui sort tout juste de la maternité n’est pas de cet avis. Sa fille, en hurlant, couvrirait de sa voix les orateurs de l’Assemblée Nationale. Il tait sa pensée et laisse son ancien ministre de l’intérieur s’exprimer.
- Il sera difficile de les envoyer en Afrique noire, à cause de la couleur de peau. Par contre, nous pourrions les envoyer en Roumanie. Personne ne pourra prétendre que les petits ne sont pas nés dans ce pays. Si tu veux demain, je t’enlève cette épine du pied.
- C’n’est pas une épine que j’ai, mais un cactus. Les mères ont rejoint les bébés, et elles ont une langue. Et pas qu’une langue, elles ont presque décimé un escadron de CRS. Bref, cette affaire qui devait être une expérience pilote tourne au fiasco. En plus, j’ai la PMI qui s’en mêle.
- Le PMU ? Qu’est qu’il vient faire dans cette histoire ?
Le président soupire, à part la fidélité, son ami n’a pas d’autre qualité.
- La PMI : protection maternelle et infantile.
- Je ne vois pas où est le problème. Tu fais comme d’habitude : restriction budgétaire et tu supprimes le service. D’ailleurs ça sort d’où ce truc-là ? Je n’en avais jamais entendu parler.
Le président soupire une nouvelle fois.
- La PMI dépend du Conseil Général, et comme pratiquement tous les conseils, il est à gauche.
- Tu vois, sincèrement dès le début, nous avons merdé. Nous avons été trop honnêtes. Si nous avions gouverné correctement, nous serions à la place de la gauche ; nous serions la gauche. Le Fouquet’s, le bouclier fiscal, les vacances sur le yacht de Bolloré ont été une erreur. Ne le prends pas mal. Écoute-moi. Par exemple le bouclier fiscal, au lieu de l’instaurer, tu annonçais que tu allais taxer un peu plus les riches et tu faisais le contraire. Le peuple ne souhaite qu’aimer son président.
(A suivre)

jeudi 13 octobre 2011

Un citoyen exemplaire.(Suite de la suite)


Je suis enfin seul dans l’appartement, débarrassé de ma femme et de l’autre braillard. Je fête l’évènement en débouchant une « Kro ». Le bonheur est tel qu’il assèche mon gosier. Une deuxième puis une énième bière irrigue difficilement l’étendue de ma joie.
Une sonnerie perfide et annonciatrice de nouvelles dérangeantes stoppe mon travail d’irrigation. Je peine à me lever. Les litres de bière tendent à maintenir mon ventre près du sol. J’accède, oscillant, au téléphone.
- Mr Suré ?
Poli, je réponds :
- Oui !
- Ici, l’école maternelle des crapauds cramoisis. Personne n’est venu chercher la petite Françoise.
 Merde je l’avais oublié celle-là. Je vais devoir y aller. Quoique, si je la laissais sur place ? Non, les enseignants seraient capables de le signaler et j’aurais des problèmes avec la DASS. Ce serait injuste, ne suis-je pas un bon père ?
Toujours poli, je réponds :
- J’arrive.

En tanguant et en éructant, je parviens difficilement jusqu’à l’école. Ma fille m’aperçoit et tire une tronche de trois kilomètres. C’est un exploit pour une gamine qui mesure à peine un mètre. Elle a horreur que je vienne la chercher. A trois ans, elle a déjà honte de moi. D’accord, j’ai une apparence peu reluisante. Cependant l’habit ne fait pas le moine. Je lui colle une torgnolle, histoire de lui donner une véritable raison de faire la gueule.
N’ayant pas d’autre endroit où aller, elle me suit, peu motivée. Trouvant sa motivation trop faible et pensant à mes bières qui s’ennuient seules sans moi, je l’interpelle :
- Eh ! Sac à merde ! Bouge-toi le cul. (1)
Je la traine jusqu’à l’appartement.
Dès l’arrivée, je décapsule une bière et l’avale aussi sec.  A peine l’ai-je ingurgité que ma fille m’emmerde :
- Maman n’est pas là ?
Le problème avec les gamins est qu’ils veulent tout savoir et rien payer.
En guise de réponse, je débouche une canette de bière, avale une lampée et lui rote à la figure. Totalement indifférente à ma réponse, elle enchaine :
- Mon frère n’est pas là ? J’ai faim !
Faites des gamins ! disaient-ils. J’en ai fait et ils me cassent les couilles à longueur de journée. Les emmerdements ne sont pas en rapport avec les allocs. En plus, elle a faim. D’ailleurs, ça mange quoi des gamines ? Je n’ai pas l’habitude de gérer ce genre de chose. C’est ma femme qui s’en occupe. Quelle idée a-t-elle eu de se rebiffer contre la flicaille ? Et qui va me pratiquer ma turlutte du soir ? Décidemment, ce n’est pas ma journée.
- Papa, où sont Léo et maman ? J’ai faim, je veux de la grenadine.
Elle va me rendre fou. Je devrais porter plainte pour harcèlement. Je sais ce qu’il me reste à faire, si je veux pouvoir siroter mes bières, et continuer à écrire sur le blog.
- Fan Fan passe-moi le téléphone et magne-toi.
Docile, elle me l’apporte et répète :
- Papa j’ai faim, je veux de la grenadine. Où sont maman et Léo ?
Il est temps que j’agisse.
- T’inquiète ma fille, ils sont en colonie de vacances. Tu vas bientôt les rejoindre et tu auras droit à ta grenadine. Patiente un peu, juste le temps que je téléphone.
J’aurais mieux fait de me taire. Je viens d’apporter de l’eau à son moulin.
- C’est quoi des « lolonies » de vacances.
- Des colonies. C’est moi qui bois et c’est toi qu’est pétée. Ce sont des grands bâtiments où les enfants s’amusent. Tu vas bientôt y aller. Papa te l’offre. Laisse-moi juste téléphoner et tu auras la surprise de ta vie.
- Papa !
- Ta gueule !
Enfin du silence.
Après avoir pianoté sur les touches du téléphone pendant une demi-heure sous l’ordre d’une voix enregistrée, j’atteins enfin le service qui m’intéresse. Je résume car la simplicité pour les atteindre appartient au passé.
- Service de la future jeunesse délinquante bonjour. Que puis-je pour vous ?
- Bonjour madame, je vous appelle car j’ai ma petite fille de trois ans qui a un comportement correspondant, comme deux gouttes d’eau, aux caractéristiques de la brochure que vous nous avait fait parvenir, pour endiguer le flot de violence.
- Votre nom ?
- Mr suré.
- Vous nous avez déjà appelés ce matin pour un enfant.
- Exact.
- Monsieur, je vais devoir faire un signalement, car les parents qui ont plus de deux enfants futurs délinquants sont considérés comme responsables de la déviance et doivent assister à des stages de « recadrement sociétal ».
Je suis furax, car normalement je suis exempté de ce genre de stage. Je reste poli, mais n’en pense pas moins. Avec la préfecture, il faut se méfier.
- Pardon madame, je suis exempté de ce stage.
- Pour quelle raison ?
- J’ai dénoncé de nombreux étrangers sans papier. Normalement je devrais avoir de nombreux points m’exonérant de repasser le permis de conduire, ou m’exemptant de stages de remise à niveau sociétal et autres.
- Votre nom et date de naissance ?
- Mr Suré, je suis né le 15 janvier 1969.
- Vous êtes un enfant de mai 68.
- Euh… oui.
- Patientez un moment.
Mes parents ont eu une sacrée idée de me concevoir en mai 68. Car depuis une dizaine d’années, nous sommes particulièrement surveillés. Le gouvernement pense que les enfants conçus durant cette période, portent en eux les germes de la révolution.
- Mr Suré ?
- Oui.
- Je m’excuse. Vous êtes un citoyen modèle. Je vois dans votre dossier que vous avez eu les félicitations du ministre de l’intérieur. Ainsi grâce à vous, il n’y a plus de sans papier dans votre quartier. Par contre, pour votre fille, je suis embêtée. Le centre de rétention est plein à craquer, et même il semblerait qu’il y ait eu une émeute.
Je ne vais pas me coltiner ma fille toute la soirée.
- Madame, normalement je suis aussi prioritaire sur toutes les prestations préfectorales. Alors je vous prie de bien vouloir trouver une place pour ma fille.
- Monsieur, je suis navrée. Les instructions viennent du sommet de l’état, nous ne pouvons rien faire.
- Vous pourriez l’expulser ?
- Nous n’expulsons que les étrangers en situation irrégulière, pour l’instant.
- Madame, je ne suis pas le géniteur. Ma femme l’a conçue avec un sans papier. Un libyen je crois. Donc elle est demi-papier. Vous pouvez ainsi l’expulser vers la Libye. La loi stipule qu’un enfant dont un des parents est sans papier peut être expulsé si l’autre moitié n’accepte plus l’enfant.
- Sa mère ne l’a pas rejetée ?
- C’est tout comme. Elle est internée, elle a osé se rebeller contre les forces de l’ordre lorsqu’elles sont intervenues pour ramasser le petit dernier.
- Ah ! Ça change tout. Je vais voir ce que je peux faire. Il y a un problème : officiellement vous êtes le père et donc la petite est française. Si nous l’expulsons, elle reviendra automatiquement chez vous. Je ne peux rien faire pour vous Mr Suré. Je suis vraiment navrée car vous êtes un citoyen modèle.
Je dois à tout prix trouver une solution.
- Et la PMI, ne peut-elle prendre mon enfant en charge ?
- Je ne sais pas. Depuis aujourd’hui nous ne travaillons plus ensemble. Nous avons eu quelques divergences au sujet de l’accueil des nourrissons détectés futurs délinquants. Appelez-les et vous verrez bien. Au revoir, Monsieur.

(A suivre)

(1) Expression entendue dans une pharmacie. Un père s’adressait à son garçon de cinq ans en usant de ces mots. Comme quoi, la réalité dépasse souvent la fiction.

samedi 8 octobre 2011

Retrouvailles (suite et pas faim)

Les bébés ont un odorat très développé. La preuve : lorsque l’arôme lacté s’infiltre à travers les interstices du baraquement, ils se taisent tous. Un spectateur non averti penserait qu’ils se recueillent ou commémorent un camarade disparu en s’imposant une minute de silence.
 Les CRS soulagés soupirent.
L’odorat des bébés a un autre atout, il est sélectif. Le bébé reconnait l’arôme de sa mère entre mille et une odeurs. Durant le temps de l’identification, il est silencieux. Lorsqu’il est certain de son analyse, il appelle sa mère. Le sens de l’analyse étant différent chez chaque enfant, les appels ne sont pas simultanés. Un cri émerge, puis un deuxième, rapidement le chant gagne toute la troupe.
Les murs, aussi fins que du papier à cigarette, sont incapables de filtrer l’appel des bébés.
Les mères échappées de leur prison perçoivent les cris de leur nourrisson affamé. La peau de leur poitrine est à la limite de la charge de rupture. Les CRS tentent de s’interposer. Ils tentent seulement. Aveuglés par les giclées de lait, percutés par les seins obusiers, ils ne peuvent que constater leur impuissance.
Un calme relatif règne maintenant à l’intérieur. Les bébés accrochés aux mamelles de leur mère déglutissent. Malheureusement, quelques mères non allaitantes sont en panique. Elles n’ont pas le biberon salvateur. La PMI, écœurée par le comportement des forces de l’ordre, se démène comme elle peut pour pallier la pénurie de lait. Elle est plus efficace que le CRS pour accomplir sa tâche, car quelques minutes plus tard le silence s’impose.

(à suivre)

jeudi 6 octobre 2011

Les CRS aux service des familles.


Faites des gamins ! Qu’ils disaient. J’en ai fait et maintenant, j’en ai un qui m’assassine sur mon propre blog. Je viens de lire la prose acide de mon fiston. A peine six semaines et un manque de respect total envers son géniteur.
Mon devoir civique m’impose de le signaler aux autorités compétentes comme probable futur délinquant.
Mission accomplie, je viens d’en aviser le ministère de l’Intérieur.
Qu’ai-je fait ? Notre immeuble est encerclé par les forces de l’ordre ! Une voix transmise par un hautparleur incite mon fils à se rendre. Je suis ébahi par l’efficacité de notre police !
J’allume la télévision et regarde le journal télévisé qui retransmet en directe l’assaut de notre résidence de non standing. Un commentateur avec un air de premier de la classe commente (normal il est commentateur) : « un futur forcené est enfermé aux deuxième étage d’un immeuble à loyer modéré. Ce qui ne nous étonne pas, la population qui vit dans ces endroits est incapable d’élever ses enfants. »
Toujours par l’intermédiaire de la tv - je n’ose pas regarder par la fenêtre de peur de prendre une balle perdue -  j’aperçois un camion genre bétaillère où sont entassés des couffins occupés par des nouveau-nés. Ils ont été repérés par la PMI, ou dénoncés par leur famille.
Ils sont à la porte et ne prennent pas le temps de sonner : la porte vole en éclats. Planquer derrière leurs boucliers anti-émeute et leurs masques à gaz, ils progressent prudemment vers le berceau. Ils ne s’en approchent pas, ils pulvérisent un gaz soporifique, et attrapent le bébé avec des pinces afin de ne pas être contaminé par le virus de la désobéissance.
Cependant, dans leur hâte, ils ont oublié de neutraliser la mère. Elle n’est pas d’accord avec ma conception de l’éducation. Elle considère qu’elle est capable d’élever ses enfants seule. Elle n’accepte pas du tout que son petit ange lui soit retiré. Alors telle une tornade, elle fonce sur les forces de l’ordre en fredonnant « au marché de Brive la Gaillarde ». Elle réussit à estourbir quelques représentants de la loi à coup d’outres bien pleines. Malheureusement pour elle, et heureusement pour le respect de l’ordre, elle est rapidement neutraliser et enfermer dans une bétaillère réservée aux mères fusionnelles.
Je suis seul, fier de mon devoir de citoyen. A l’heure actuelle, je téléphone à la préfecture. J’ai repéré des personnes ayant un teint basané, probablement des sans-papiers.


Au centre de détention des nouveau-nés, c’est la panique. Les bébés hurlent leur colère. Les gardiens sont dépassés par les évènements. Ils n’ont aucune formation de baby-sitter. Ils n’ont même pas une formation de gardien. Ce sont des CRS, les mêmes qui ont participés à la l’interpellation de ces futurs délinquants.
Dans cet enfer de hurlements, qui est le plus à plaindre ? Les bébés en manque de sein ou de biberon, ou les CRS aux tympans bientôt percés. Pour l’instant c’est un foutoir sans nom. Certains CRS sont pères. Ils connaissent la raison des vagissements des enfants. Cependant, leur endoctrinement bloque toute action humaine. Pour eux, ce ne sont pas des nourrissons, mais de futurs criminels.
Quelques CRS saisissent les nourrissons par la peau du cou, afin de les secouer et de les transformer en « Bébé Orangina ». La PMI, complice au départ de la saisie des nourrissons, n’acceptent pas qu’ils soient maltraités.
Le centre de rétention n’est pas conçu pour recevoir des nouveau-nés. Il a été conçu pour accueillir des étrangers en situation irrégulière. Il en a d’ailleurs accueilli un grand nombre, mais comme toutes les bonnes choses, le filon s’est tari. Il s’est peu à peu vidé de ses occupants, expulsés. Le centre étant prévu pour accueillir des étrangers, il n’a aucun confort. C’est un immense dortoir sans lits avec un unique point d’eau en son milieu et des latrines sans porte sur un côté. Un des concepteurs du projet, humanisme dans l’âme déclarait : « ils ne vont pas se plaindre, dans leur pays, ils dorment dans des cases et  n’ont pas l’eau courante ».
 Ce brave homme pensait tout bêtement que pour ces gens-là, le centre de rétention serait un hôtel quatre étoiles. Il aurait évidemment fait la même chose pour les auvergnats.
Revenons à nos CRS débordés par les couches qui débordent. Ils ont beau être CRS, ils sont avant tout humains, et tout humain qui se respecte à un odorat. L’odeur de lait fermenté, d’urine lactée et le hurlement continu des bébés, agressent viscéralement leurs sens. Harcelés, ils sont limites à péter un câble.
Lorsqu’un CRS est débordé, il en réfère à son supérieur, qui en réfère directement au préfet. Le préfet, tenant à son poste en réfère immédiatement au ministre de tutelle. Ce dernier dont le travail est constamment prémâché par le président n’a qu’une seule solution : appeler le président.


Dans un bâtiment similaire situé à une cinquantaine de mètres, des mères qui ont défendu leurs progénitures sont parquées comme du bétail. Elles entendent le cri de leurs petits qui réclament en hurlant la tétée nourricière et réconfortante. Les seins des femmes qui allaitent gonflent en réponse aux hurlements des gamins. Des giclées de lait jaillissent de leurs tétons et ruissellent jusqu’au sol. L’air conditionné et les aérations, intégrés dans le projet d’origine, n’ont jamais été installés pour cause de rigueur budgétaire, ou  parce que la population sensée occuper les lieux était vaccinée contre la chaleur.
Une odeur de lait, de sueur et de colère irradie le hangar et chatouille le nez délicat des forces de l’ordre. La pression est telle que les tôles en fibro se disjoignent. Le fumet, libre, au lieu de se disperser dans l’atmosphère, serpente en direction de la stabulation enfantine.
Les CRS assaillis par l’effluve réagissent en fonction de leur personnalité et des séquelles de leur éducation. Les plus stables se réfugient à l’extérieur afin de se soustraire à ce qu’ils considèrent comme une nouvelle arme bactériologique.
D’autres, hommes de devoir, restent fidèlement à leur poste et espèrent être encore en vie au moment de la relève.
Un troisième groupe hétérogène se comporte d’une façon que l’on pourrait qualifier de hors norme. Quelques hommes s’agenouillent et lèchent le lait à même le sol.
 D’autres, plus téméraires ou plus atteints, tentent désespérément de s’approcher des seins d’où perle le nectar de la vie. Une relation interactive se crée au sein du groupe. Chaque homme s’approchant d’un sein est aussitôt assailli par une horde de femmes en furie. Ils sont rapidement submergés par la masse. Leurs collègues restés fidèlement à leur poste, viennent à la rescousse après avoir prévenu les plus stables, réfugiés à l’extérieur. Une bagarre générale en découle. Les hommes en bleus armés de matraque lance l’assaut.
Ils ont interdiction de se servir de gaz lacrymogène. Un biologiste de la gendarmerie les a mis en garde. Un mélange entre les vapeurs de lait et les gaz lacrymogène aurait une puissance explosive plus élevé que celle du TNT.
L’affrontement tourne rapidement à l’avantage des mères. Les CRS dont les rangers sont prévus pour botter le cul des jeunes et des bronzés, n’ont aucune adhérence sur le sol imbibé de lait. La charge bien ordonnée se transforme en une charge rampante. Le premier groupe d’hommes avide de téter les seins, refusent de voir leurs mères adoptives subir des sévices corporels. Ils contre-attaquent. Une informe mêlée bleue et visqueuse en résulte. Dans leur précipitation, les bleus ont omis de condamner les portes. Les femmes, vives comme l’éclair, en profitent pour sortir du hangar et assaillir le bâtiment contenant leur bébé.
(à suivre)